Fondation et première destruction (guerre de 100 ans)
L’abbaye cistercienne de Bellebranche a été fondée par Richard II, seigneur de Sablé, en 1152. Un premier prieuré fut d’abord installé à Mariette par les moines de l’Abbaye d’Etival en Charnie puis par une colonie dépendant de l’abbaye du Louroux en Anjou. La fondation fut confirmée par le Pape Alexandre III
La légende raconte « qu’un aigle tenant en son bec une branche de chêne indiqua en la laissant tomber, le lieu où devait être bâtie l’abbaye ». C’est ce que rappellent les armoiries de l’abbaye « d’or à aigle éployé d’azur tenant en son bec une branche de sinople ».
L’abbé de bellebranche était également seigneur de Beaumont-Pied-de Boeuf et possédait de nombreux fiefs aux alentours, à Saint-Loup-du-Dorat et Auvers-Le-Hamon.
C’est la guerre de 100ans et l’occupation anglaise qui précipitèrent la ruine de l’abbaye. En 1364, dans la crainte des anglais qui tenaient le fief de Saint-Brice, les moines de Bellebranche se réfugièrent au château de sablé avec ce qu’ils avaient de plus précieux, vases sacrés, ornements d’église, bibliothèque… Ils perdirent le tout lors de la prise et du sac de la ville le 4 avril 1364. « Leurs bestes, vins avoine, furent pillés, le monastère, les granges furent brûlés ».
En 1440, l’abbaye éprouva de nouveaux ravages de la part des anglais. En 1451, les dégâts n’étaient pas encore réparés. L’évèque du Mans, Jean Hierray d’Assé, étant à Sablé, envoya constater par deux commissaires l’état du monastère. Ceux-ci trouvèrent les cloîtres rompus, les dortoirs découverts, les autels renversés et les riches tombeaux des seigneurs de Sablé et de Château-Gontier, grands bienfaiteurs de l’abbaye, brisés et dispersés. Il ne restait de cette riche abbaye qui s’étendait à l’emplacement de l’actuel château de Bellebranche que quelques logements où s’abritaient 5 ou 6 moines.
Des guerres de religion au 18ème
En 1571, pendant les guerre de religions, René de la Rouvraye, surnommé le diable de Bressault, redoutable chef de bande hugunenot, (il avait couvert son baudrier avec les oreilles des prêtres qui lui tombaient sous la main) pilla et incendia le domaine de Bellebranche. Il pendit plusieurs moines aux branches des noyers de la métairie voisine de Gomer. L’abbaye chercha à se protéger. Des travaux de terrassement et l’extension des étangs la transforment en forteresse entourée de douves larges et profondes. On n’y pouvait pénétrer qu’en bateau.
Le 5 juillet 1592, des soldats déguisés en paysans, sous la conduite du capitaine d’Andigné, un des chef de la ligue, se rendirent maîtres du bateau et de l’abbaye. Quelques jours plus tard le gouverneur du château de Sablé, Beaumanoir de Lavardin, vint assiéger l’abbaye pour la délivrer. Il réussit à s’emparer de l’église mais, après deux jours de combat, abandonna la lutte. Les ligueurs, maîtres de l’abbaye, ne s’en retirèrent qu’après avoir chargé plus de cent voitures de butin. Les moines purent racheter leurs vases sacrés contre une rançon de 100 écus d’or.
En 1607, Henri IV qui venait de fonder le collège des Jésuites de la Flèche, lui annexa les terres de Bellebranche, malgré la résistance des moines. Ceux-ci n’étaient plus que 14 en 1683 et l’abbaye criblée de dettes.
Révolution : l’abbaye disparaît
La révolution acheva l’oeuvre de destruction amorcée par les guerres de religion. Les vieux bâtiments, après avoir servi de prison furent vendus. On commença la démolition de l’église abbatiale. En 1794, les chouans s’y réfugièrent un moment. Ils y furent cernés par la garnison des républicains de Sablé. Il y eut de nombreux morts des deux côtés.
De l’antique abbaye, il nous reste les douves, au nord et à l’est entourant quelques communs et un logis monastique. La chapelle de l’actuel château de Bellebranche présente encore sur son pignon nord une fresque à encadrement ogival, représentant un personnage entouré par deux oiseaux, ce sont les derniers vestiges de l’ancienne splendeur de cette abbaye oubliée.
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